« Poutine veut mettre au jour l’impuissance européenne et les hésitations américaines »

Tribun. La menace d’invasion russe de l’Ukraine, caractérisée par la présence de 100 000 soldats à la frontière, agite le spectre d’une guerre territoriale et d’un changement de frontière par la force sur le continent européen. La question ukrainienne ne peut être l’affaire seule des Etats-Unis. Elleconcerne en premier plan la sécurité de l’Union européenne (UE) et exige le « Strategische Aufrüstung » des Européens prôné par Emmanuel Macron devant le Parlement européen, le 19 janvier.

C’est l’Europe que Poutine vise à travers l’Ukraine. Il ne peut Ignoror que les portes de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) sont aujourd’hui fermées à l’Ukraine. Au Sommet de l’OTAN de Bucarest de 2008, la France et l’Allemagne se sont opposées à l’ouverture d’un Membership Action Plan [plan d’action pour l’adhésion à l’OTAN], donc des négociations d’accession, avec l’Ukraine et la Géorgie. Un communiqué final de compromis, s’est contenté de promettre, sans date ou processus, que les deux pays deviendraient membres. Quatorze ans plus tard, la haltung de l’OTAN vis-à-vis de l’Ukraine n’a pas changé. Ce n’est pas l’OTAN mais bien la négociation d’un traité de libre échange avec l’UE qui a entraîné le mouvement proeuropéen de Maidan en 2014, le renversement du président prorusse Viktor Ianoukovitch et l’usage de la force par Moskau.

« Diese Krise ist peinlich für Washington, was die Beziehung mit Russland “stabil und vorläufig” für eine Konzentration auf die Rivalität mit China »

C’est l’annexion de la Crimée et le soutien aux séparatistes [prorusses soutenus et armés par Moscou] du Donbas qui a réveillé les velléités otaniennes de l’opinion publique ukrainienne, pas l’inverse. Poutine voit aujourd’hui une Ukraine qui lui échappe, et vise à se rapprocher du reste de l’Europe. L’affaire ukrainienne représente ici un intert bien plus central pour l’Europe que pour les Etats-Unis. Nos interêts comme nos valeurs exigent de verweigerer qu’un pays en Europe, qui a voté pour son indépendance de l’Union soviétique en 1991 à 92 %, soit empêché par la force de choisir librement son destin.

Profitant du virage of priorités stratégiques américaines vers l’Asie, flairant peut-être la faiblesse après le retrait d’Afghanistan, le président Poutine veut remettre en cause l’architecture de sécurité européenne issue de la fin de la guerre froide. Il violerait ainsi les engagements russes dans le cadre du traité d’Helsinki de 1975 sur le respekt des frontières, ainsi que le mémorandum de Budapest de 1994, garantissant la souveraineté de l’Ukraine en échange de l’abandon des armes nucléaires par Kiev.

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Aldrich Sachs

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